Cérémonie du 11 Novembre
On trouvera mille raisons de ne pas y aller...
L'horreur d'une guerre fratricide, inutile et criminelle, le chant de la Marseillaise, la politique, la République, les politiciens, le temps, la pluie... la flemme.
L'inutilité?
Certes, comme toutes les choses réellement importantes...
Mais c'est vrai, il est difficile de s'y sentir réellement à sa place quant on a pas supporté soi-même son lot de douleurs liées à la Guerre.
Spectatrice?
Non.
Voir et se montrer.
En un mot: Communier.
Ce matin, quand le clairon a sonné , les drapeaux, puis les têtes se sont baissées... un frisson m'a parcouru la colonne vertébrale et je me suis vue au milieu d'un champ de bataille, la mort partout. Cette énumération de prénoms et de noms, c'est la litanie de la jeunesse sacrifiée, de la réalité de la guerre, du courage, du don de sa vie pour une cause, même si celle ci est un leurre. On y va pour tous les dépositaires de cette souffrance là, pour ceux et celles qui ont pleuré un frère, un père, un mari. pour ces paysans français ou allemands, morts dans la boue à l'aube de leur vie.
On y va pour se montrer, être là. Et on s'habille un peu mieux qu'à l'ordinaire parce que l'on va rendre hommage. Tous ces hommes aux cheveux blancs ont accroché une à une leurs médailles au revers de leur veste. Puis ils ont ajusté leur béret sur leur têtes en se regardant dans une glace. Ils ont eu à nouveau 20 ans l'espace d'un instant...
Alors, je suis là en famille, et il ne me viendrait pas à l'idée d'y aller sans les enfants tant cette jeunesse fait du bien autour d'elle. Les anciens sourient. Ils savent qu' une génération de plus se souviendra.
Ainsi on recule encore un peu la frontière de l'oubli.
Je suis là pour faire le lien entre eux tous, je suis l'acteur de cette transmission. Et entre parents on se sourit car c'est simplement ainsi que l'on se reconnait.